samedi 28 mars 2009

Bouche cousue...


Parfois, il suffit d'un truc bien pour débloquer beaucoup de choses. Oui c'est très clair, et ça ne veut absolument rien dire je sais... En gros c'est une intro nulle. Monsieur le Dez - le prof' de français de sixième - me disait Marina, vous avez la langue trop pendue. Il aurait été sidéré, Monsieur le Dez, de voir comme ma parole était liée ces derniers jours. Je me souviens de sa casquette et de son imper comme si c'était hier...

Tout ça pour vous dire que j'ai eu beaucoup beaucoup de mal à trouver le bon ton pour écrire cette semaine. Je remercie, une lectrice que je ne connais pas mais qui m'est devenue très spéciale, et qui a beaucoup aidée à reconnecter mon cerveau à mes doigts.

Me voilà donc mercredi matin avec un téléphone baguette qui sonne :

Allo madame Marina ?
- j'étais totalement occupée à autre chose et j'ai eu du mal à reconnaître sa voix -

- Ouiiiiiiiiiii (en vérité je me disais que ça tombait trop mal et me demandais qui pouvait être l'andouille pendue au bout du fil...)

- C'est monsieur Nick.

J'ai tout lâché, façon de parler, à part le téléphone je n'avais pas grand chose dans les mains.

Nick m'a demandé de mes nouvelles et m'a remercié pour le mandat (je n'aime pas la dame de la poste je réitère...). Nous avons ensuite entamé une longue conversation légère et pénible, si, si c'est possible, qui a été coupée en son milieu. Nick a précisé que ça lui arrivait souvent d'être coupé. Mon bon copain L, a une expression pour des mots ou des situations pénibles : "warning, carton rouge" et L fait un petit geste avec ses mains "temps mort". C'est ce qui m'est arrivé, temps mort dans ma tête. La réalité est parfois difficile à entendre, à accepter. Tant celle qui conduit une personne a être incarcérée que ce qui peut lui arriver après. Dedans. Il est très important que je vous en parle. Si vous aussi vous par-marrainez une personne il faut une bonne dose de... plein de choses : de calme, de recul, et il faut aussi savoir se protéger. Certains choses blessent. J'ai fait de mauvais rêves sur les tranfserts que Nick a vécu, nombreux, violents et peu humains. J'ai eu du mal à me poser aussi sur ce qu'il a commencé à mon confier quant à sa peine et ce qui l'a conduit en prison. Je savais bien qu'on allait pas parler tricot - mais nous parlons cuisine ;o) - tout le temps. Voilà pour les choses lourdes qui font partie de la vie de parrains ou de marraines de prisonniers. La réalité est toujours présente, mais elle peut vous sauter au visage et faire mal. Heureusement quand on est une bonne marraine on a aussi une sacrée dose d'humour !

J'ai houspillé Nick parce que sur sa photo il ne sourit pas. J'ai même été pesante en insistant
bien : s'il veut trouver une fiancée, il doit sourire. Tout en subtilité ! Et Nick m'a confessé avoir eu un souci à la boxe et un gros problème de dent !!! C'est mieux qu'une formule mathématique comme démonstration, je n'ai pu que répondre : "Ah non, alors ne sourit pas !". C'est arrangé, j'attends donc une photo toutes dents dehors.

Nick a rappelé hier pour me donner sans doute le résultat de sa demande de formation. Mais j'étais sortie et je n'ai donc aucune idée de la réponse à cette demande si précieuse J'ai aussi passé un joli fax à Poissy (après avoir essayé de téléphoner pour la douzième fois), pour demander, de la façon la plus naïve possible, où en était cette fameuse enquête, pour laquelle vous vous en doutez je n'ai aucune nouvelle.

A très vite ! (et merci de pardonner mon verbiage peu engageant :o) )

mercredi 18 mars 2009

Y'en a marre !

L'attente. Bis, ter, quater... Lassante, mais elle est là au moins. Pour le jeune homme incarcéré qui s'est donné la mort le week-end dernier ainsi que pour sa famille il n'est plus question d'attendre quoi que ce soit. Et c'est très triste.

Me voilà donc presque heureuse avec ma "longue attente". Pas de nouvelles du permis, pas de nouvelles de Nick, pas de nouvelles de Nick, pas de nouvelles du permis... Ce n'est certes pas lié ! Mais ça augmente le stress. Du coup ma boite au lettres ou plutôt la gardienne qui apporte le courrier est l'objet de toutes les attentions.

Pour le permis ça m'embête d'autant plus qu'il m'a semblé comprendre qu'après deux mois sans réponse la demande était considérée comme invalidée. Bon, j'ai cependant reçu le fort discret courrier de l'administration pénitentiaire explicitant que ma demande aurait une suite après l'enquête (oui, je radote !), ça me rassure tout de même. Et puis tout de même j'exagère, non ? Demander qu'on aille vite, c'est un comble, après tout, tout ça date de début février et nous sommes le 18 mars... Pour cette partie au moins, ça me permet d'apprécier à sa juste valeur la longueur du temps et ce que Nick doit ressentir, je suppose que ça passe encore moins vite de son côté.

Nick n'a donné aucune nouvelle depuis notre dernière conversation téléphonique qui remonte à 13 jours. Et oui, c'est long aussi. Peut-être qu'il rumine de son côté, ma dernière lettre lui suggérait de se livrer non pas sur des choses indicibles et/ou dont il n'aurait pas envie de parler. Mais sur le temps qu'il lui reste à faire et je l'ai aussi encouragé à se confier sur ce dont il avait commencé à me parler au téléphone en précisant qu'il restait libre de le faire ou non. En gros j'ai ouvert la porte. Pour le moment il n'y a personne derrière !

Me voilà donc à nouveau bien seule, mais j'ai la chance de savoir que ça aura une fin !
Une petite illustration pour rimer avec y'en a marre :








A très bientôt, avec des nouvelles fraîches je le souhaite !

Votre marraine qui fait la danse, non pas de la pluie, mais de la convoc' chez les flics...

vendredi 13 mars 2009

Le téléphone (bis)


Et oui une semaine que je n'ai rien posté. Quelle vilaine flemmarde. Je mérite le fouet, ou le fil... du téléphone. J'aurais pu blablater très vite et ai failli le faire. Mais j'ai souhaité garder un peu ça pour moi toute seule. Ce n'est pas très gentil, mais je n'ai jamais prétendu être Marraine la Fée, ce qui me prive de baguette magique hélas !

En parlant de baguette magique, mon téléphone (si si il est en forme de baguette, il y a un rapport) a encore sonné la semaine dernière.Toujours vers 13h20. J'ai décroché le plus naturellement du monde. Et j'ai entendu la voix de mon cher Nick qui devient familière et fait un peu moins paniquer mes neurones. Je me suis précipitée sur ma machine à café pour me faire couler un petit noir et doper mon adréline un peu plus. Ce n'était pas tellement pas la peine, mais ça m'a détendue. Paradoxal pour un café, je vous l'accorde.

Si détendue d'ailleurs que nous avons devisé de beaucoup de choses légèrement, puis sérieusement. Nick s'est un peu livré sur son parcours dedans et visiblement ça a été très difficile jusqu'à Poissy où il affirme se sentir bien. Evidemment son parcours implique l'emploi de certains qualificatifs qui n'appartiennent pas aux gens que je vois par habitude : "violent et très dangereux". Voilà comment Nick a été considéré au début de sa détention. Je n'ai pas posé de questions au téléphone. Mais il est vrai que ça a fait tricoter mes quelques neurones. Même si ces derniers sont un peu aguerris de ce côté. Bref, il semble mieux et tellement mieux à Poissy, qu'il envisage ...

... de faire des études. Et Nick est très cohérent puisqu'il souhaite faire un CAP de pâtissier, puis un CAP de cuisinier, suivi d'un BEP (cuisinier également). Nous voilà équipés pour quelques années. Comme je le lui ai écrit je suis très fière de lui. Nick a l'air d'aimer beaucoup la cuisine et ça collerait sans doute assez bien au personnage, pour ce que j'en sais. Il a des projets, enfin ! Youpi !

Voilà pour cette conversation qui aura duré la bagatelle de 13 minutes et 49 secondes. Mon téléphone-baguette enregistre le temps de conversation et le laisse affiché à l'écran assez longtemps pour que l'on puisse y jeter un oeil. Je me laisse donc aller à considérer que c'est un quart d'heure (moins une minute et de touts petits brouettes) !

Je n'aurais pas imaginé avoir Nick en ligne si longtemps, ni que nous parlerions de sujets aussi graves, puis prometteurs. Je n'aurais jamais pensé non plus que les mots viendraient aussi facilement. C'est terriblement difficile d'essayer d'être une bonne marraine. Mais quand on y arrive pendant quelques minutes, c'est une sacrée récompense. J'ai failli lui dire que je l'embrassais à la fin de la conversation, mais je n'ai pas osé. Je ne souhaitais pas que celà puisse être interprété d'une façon ou d'une autre.

Depuis cette longue parlotte, silence radio. Je ne doute pas que Nick donnera des nouvelles bientôt. J'espère qu'il va bien et je lui ai écrit évidemment.
Silence radio aussi du côté de la Police et de sa fameuse enquête !

Et me voici à nouveau avec une compagne connue : l'attente !
A très vite.





jeudi 5 mars 2009

En toute discrétion.

Et voici les fameuses nouvelles du permis de visite. Comme expliqué dans les posts précédents, j'ai bien effectué les démarches et ma demande est donc enregistrée. J'attends donc et de pied ferme une lettre de police me demandant de venir pour une affaire me concernant (c'est à peu près comme ça que ça se passe m'a t'on expliqué).

J'attends d'autant plus qu'en rentrant de vacances, j'avais un courrier de l'adjoint du directeur de la Maison Centrale dans laquelle Nick est incarcéré. Courrier fort urbain et très formel. Sur un ravissant papier à en-tête officiel. Ca, c'est dedans. Mais le contenant, entendez l'enveloppe, est assez chic également... Et surtout d'une discrétion ! J'aurai aussi bien pu me promener un dinosaure au bras. Je sais, je sais la photo est à l'envers. J'utilise photo booth et visiblement photo booth met les photos à l'envers. C'est comme ça, il n'y a rien à dire. Vous pourrez tout de même compter le nombre de tampons au nom de l'admisnistration pénitentiaire. Mais c'est comme photo booth, il n'y a rien à dire, c'est à prendre ou à laisser.




Enfin moi ça me laisse sans voix. La vie privée en prend un coup. Non pas que je cherche à tout prix à me cacher de mes activités, mais j'imagine qu'il y a des personnes pour qui ça doit être un peu difficile que pour moi d'assumer ce genre d' enveloppe un peu trop parlante...

Ceci étant je doute - je ne sais pas pourquoi - que les choses se passent rapidement. Nous sommes en mars, il y a un mois environ que j'ai fait ma demande, je suis toujours dans l'attente de l'enquête de moralité, et l'attente comme on le sait ça ronge. J'attends maintenant une autre enveloppe au courrier en plus de celles de Nick. Nous verrons bien si elle est aussi discrète que sa consoeur annonçant que ma "demande de permis de visite au profit du détenu ....... écrou n° ....." fera l'objet d'une suite lorsque sera communiqué "le résultat de l'enquête diligentée par les services de police".

Fouette cocher !